Le 18 mai 2018, un cinquantaine de chercheurs, partenaires et membres étudiants du Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal (LHPM) se sont rassemblés au Salon Orange du Centre Pierre-Péladeau pour présenter les réalisations récentes et les projets en cours de l’équipe.
La journée a débuté en mettant en avant les résultats des nombreux projets numériques et la mise en valeur du patrimoine montréalais sur le Web.
Josée Lefebvre, agente de programmes éducatifs au Centre d’histoire de Montréal, et l’adjointe de recherche Émilie Girard ont présenté les étapes de la migration du contenu de l’exposition «Scandale! Vice, crime et moralité à Montréal, 1940-1960» vers le Web. S’inspirant des diverses thématiques de l’exposition et de ses personnages, plus d’une trentaine d’articles rédigés par Emilie Girard seront mis en ligne cet automne, complétant une riche documentation déjà accessible sur le site Mémoires des Montréalais. L’exposition, a par ailleurs, fait l’objet d’une publication, Scandale! : le Montréal illicite, parue en 2016.
Léon Robichaud, codirecteur du LHPM et professeur au Département d’histoire de l’Université de Sherbrooke, accompagné de Laura Barreto Palacio, agente de recherche en systèmes d’information géographiques historiques, et Kim Petit, agente de recherche et coordonnatrice des projets numériques, ont poursuivi avec le dévoilement d’un nouveau projet hébergé sur le portail SCHEMA. Quatre nouvelles applications permettent de dresser un portrait de Montréal et de ses habitants en 1881. Grâce à une cartographie offrant plusieurs filtres de recherche, les utilisateurs peuvent explorer les caractéristiques de la population montréalaise selon différents critères. Le projet a été développé à partir de jeux de données tirées de sources compilées par Sherry Olson et Robert C.H. Sweeny.
Par la suite, Laura Barreto Palacio et Alban Berson, cartothécaire à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), ont exposé à l’assemblée la réalisation et la mise en ligne d’une carte-index interactive des plans d’assurance-incendie de Montréal, accessible sur le portail BAnQ numérique depuis le 3 mai 2018. Cet outil permet de repérer de façon conviviale les volumes et les planches associés à un secteur donné de la ville. L’accès simplifié aux plans fait déjà le bonheur des usagers, unanimes sur la pertinence de la nouvelle carte-index.
Pour clore cet avant-midi consacré au volet numérique, Vanessa Blais, professeure au Collège Édouard-Montpetit, et l’ingénieur Nicolas Spiric ont fait une présentation des avancées de la diffusion du modèle 3D du complexe ferroviaire de la place Viger par le biais de l’interface interactive Chronomorphe. Dans la dernière année, ils ont procédé à l’ajout d’une interface d’édition de scène, pour simplifier la saisie des informations, ainsi que d’une seconde interface de recherche pour les composantes de modèles 3D. L’actuelle phase de développement du projet est dédiée à la révision de la nomenclature afin de parvenir à mieux identifier les composantes du modèle 3D et à en faciliter la manipulation par les usagers. Ces quatre présentations témoignent de la variété des outils numériques, conçus grâce à l’expertise du LHPM et de ses collaborateurs, et surtout leur portée au-delà de la communauté universitaire.
Une deuxième séance a proposé un tour d’horizon de quelques nouveaux projets du Laboratoire. Pour débuter, Sylvain Bissonnette, commandant et historien du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), et l’adjointe de recherche Julie Bérubé ont présenté le projet de géolocalisation des postes de police à Montréal depuis 1843, entrepris dans le cadre des célébrations du 175e anniversaire du SPVM. Réalisé en collaboration avec les Archives de la Ville de Montréal et le Laboratoire, ce projet vise la création et la mise en ligne d’applications cartographiques interactives, accessibles au grand public, retraçant l’évolution de plusieurs postes de police des quartiers montréalais.
Éric Giroux, responsable de la recherche et des collections à l’Écomusée du fier monde, a, pour sa part, partagé les détails d’un nouveau chantier de recherche portant sur l’industrie de la boulangerie à Montréal. Le projet « Notre pain quotidien. Reconstituer l’histoire du pain à Montréal, d’hier à aujourd’hui » s’inscrit dans la poursuite des travaux menés depuis de nombreuses années, en collaboration avec Joanne Burgess, directrice du Laboratoire, sur l’histoire de l’alimentation dans la métropole.
Alain Gelly, chercheur régulier au LHPM, et l’adjoint de recherche Pascal Di Francesco ont fait connaître les démarches en cours pour préparer le colloque « Paysages du mouvement / paysages en mouvement », qui se tiendra dans le cadre du congrès de l’ACFAS 2019. Une importante revue de littérature a permis d’établir un premier bilan de la recherche récente sur les paysages reliés à la mobilité terrestre et fluviale. Le sujet prend place au cœur d’une sensibilité patrimoniale nouvelle ou peu explorée, combinant la réflexion historique et les pratiques patrimoniales relatives aux chemins anciens et aux voies navigables.
Justin Bur, coordonnateur de Mémoire du Mile End, a conclu la séance en présentant le projet « Histoire illustrée et interactive du Mile End : architecture industrielle et domestique de Joseph Perreault », codirigé par Michelle Comeau. Il s’agit de la deuxième phase d’une collaboration visant à enrichir cet outil numérique consacré à divers lieux d’intérêt historique et patrimonial du Mile End et aux personnages qui leur sont associés. Trois nouvelles fiches liées à l’œuvre de l’architecte Joseph Perreault, rédigées par l’agente de recherche Rachel Boisclair, seront mises en ligne prochainement.
La journée s’est poursuivie avec l’introduction d’un nouveau projet d’envergure, piloté par le musée Pointe-à-Callière, en partenariat avec le Laboratoire et financé par la une subvention du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MÉSI), dans le cadre de son programme Passeport Innovation. Cette initiative réunit l’expertise de l’UQAM et de l’Université de Sherbrooke pour développer de nouveaux outils numériques permettant une analyse plus fine des artefacts issus des fouilles du site du Marché Sainte-Anne/Parlement de la province du Canada. L’équipe de l’UQAM, avec l’apport de Laura Barreto Palacio, exploitera le potentiel de la plateforme SCHEMA pour mettre au point un système de géolocalisation offrant une représentation des objets archéologiques, selon leur emplacement sur un plan mais également en élévation dans la coupe stratigraphique. L’Université de Sherbrooke, avec le concours de Nicolas Spiric, effectuera une modélisation 3D d’une sélection d’artefacts puis développera un visualiseur d’objets numérisés en 3D qui sera intégré à SCHEMA. Louise Pothier et Hendrik Van Gijseghem de Pointe-à-Callière participent également à la direction du projet. À terme, cet ambitieux projet dotera le musée d’un outil interactif avec une capacité de géolocalisation et de visualisation en trois dimensions des artefacts d’un important chantier de fouilles.
La fin de l’après-midi a été l’occasion de découvrir les résultats plus substantiels de certains projets. Martin Drouin, membre collaborateur et professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM, a retracé la lente émergence du Vieux-Montréal en tant que quartier historique dans les guides touristiques publiés entre 1840 et 1960. Par la suite, Joanne Burgess, Alain Gelly et Laura Barretto Palacio ont présenté les nombreuses facettes du projet numérique documentant, grâce à l’iconographie et à la cartographie, l’évolution des espaces d’entreposage du terminal portuaire du canal de Lachine. Finalement, Julia Poyet, professeure au Département d’histoire de l’UQAM, et l’agente de recherche Julie Noël ont détaillé la plus récente édition du projet Ville-Marie 20XX, réalisée avec des élèves de niveaux préscolaire et du premier cycle du primaire de l’École Madeleine-de-Verchères. Les élèves ont été initiés à la notion d’histoire à l’aide d’activités les situant dans le temps et l’espace de leur quartier.
Cette journée s’est terminée avec une brève présentation de Joël Beauchamp-Monfette, étudiant récipiendaire de la Bourse de recrutement de niveau maîtrise du Laboratoire, remise durant le traditionnel vin d’honneur en clôture de l’événement.