Découvrir la métropole par ses quartiers… et ses ruelles!

Du 26 au 28 octobre 2017, les ruelles ont été au cœur du Forum d’histoire et de patrimoine de Montréal ayant pour thème « Découvrir la métropole par ses quartiers ». Une rencontre-découverte et une balade scientifique, organisées conjointement par le Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal (LHPM) et le Cœur des sciences de l’UQAM, ont permis de jeter un regard neuf sur cet élément emblématique de l’urbanité montréalaise.

Le jeudi 26 octobre 2017, la rencontre-découverte « Montréal vue par ses ruelles » réunissait les conférenciers Mario Robert, chef de la Section des archives de la Ville de Montréal, Gérard Beaudet, professeur d’urbanisme à l’Université de Montréal et Simon Octeau, directeur adjoint du Regroupement des éco-quartiers de Montréal. C’est devant une salle comble de plus de 250 personnes que les experts invités ont discuté de l’origine des ruelles à Montréal, de leur évolution, de leurs usages multiples, de leur appropriation par les citoyens ainsi que de leurs particularités par rapport aux autres villes.

Mario Robert et Gérard Beaudet ont d’abord rappelé que les ruelles telles que nous les connaissons aujourd’hui apparaissent au milieu du XIXe siècle dans les nouveaux quartiers bourgeois de Montréal. Elles servent de voies de desserte pour les domestiques, donnent accès aux écuries ou permettent la livraison des matériaux qui devaient transiter par l’arrière des résidences. Pendant les décennies suivantes, leur présence s’impose dans les quartiers populaires à mesure que l’aménagement de ruelles devient la norme en matière de lotissement. De l’espace craint et mal aimé qu’elles représentaient autour des années 1950, nombre d’entre elles sont devenues des lieux que les citoyens et les citoyennes se sont réappropriés grâce à une variété d’initiatives de revitalisation. C’est d’ailleurs à l’une d’entre elles, le projet des ruelles vertes, qu’était consacrée la présentation de Simon Octeau. À ce jour, environ 10% des ruelles montréalaises ont été l’objet de ce programme qui met des ressources financières à la disposition de comités de résidents pour soutenir l’aménagement durable de leur ruelle. Le tout ne se fait cependant pas sans heurts, car la conciliation des différentes fonctions de la ruelle -d’espace de jeu pour les enfants à voie de circulation pour les véhicules- représente un défi considérable.

Ces enjeux ont d’ailleurs pu être explorés in situ le samedi 28 octobre par les 60 participants à la balade scientifique animée par Joanne Burgess, professeure au département d’histoire de l’UQAM et directrice du Laboratoire, et par Julie Bérubé, candidate à la maîtrise en études québécoises à l’UQTR. Élaboré par Joanne Burgess et Mario Robert, le parcours de la balade met en vedette huit ruelles du centre‑ville qui témoignent de la variété de fonctions qui ont été dévolues à ces espaces au fil des années.

L’évolution des ruelles est indissociable du développement du bâti puisqu’elles constituent un élément structurant du tissu urbain. Ainsi, en arpentant les anciennes ruelles bourgeoises près des rues Peel et Sainte-Catherine, les visiteurs ont pu admirer les traces du passé résidentiel d’un secteur de la ville où l’orientation commerciale est aujourd’hui prédominante. Dans Shaughnessy Village, un quartier âprement convoité par les promoteurs immobiliers au cours la seconde moitié du XXe siècle, la préservation de l’héritage architectural a été rendue possible grâce aux les luttes menées par divers groupes de défense du patrimoine. Si la fonction résidentielle des ruelles y perdure, les défis liés à leur verdissement sont nombreux. L’Éco-quartier Peter-McGill a soutenu l’aménagement de plusieurs ruelles vertes au cours de la dernière décennie, mais certains de ces projets n’ont malheureusement pas bénéficié d’une implication citoyenne de longue durée, ce qui donne aujourd’hui lieu à des résultats mitigés.

À la lumière de ces deux activités, les ruelles montréalaises, qu’elles soient vertes ou asphaltées, inquiétantes ou invitantes, apparaissent comme des lieux fascinants qui donnent un caractère résolument unique à la métropole.