Les sociétés d’histoire ont contribué, depuis le XIXe siècle, à la valorisation du passé. Agents actifs de la mémoire, elles le sont encore aujourd’hui et leur contribution à l’histoire a été — et est toujours — significative. Cette implication citoyenne s’est accrue dans la seconde moitié du XXe siècle, comme en témoigne la multiplication de sociétés d’histoire et d’associations dédiées au patrimoine. Aujourd’hui, ces deux types d’organisations contribuent à rendre le passé vivant dans la communauté par un engagement continu à défendre les archives, à faire connaître l’histoire locale et à préserver le patrimoine. Pourtant, ces pratiques citoyennes ont été peu étudiées ou valorisées. C’est pour jeter un regard neuf sur ces pratiques citoyennes (un terme moins péjoratif que celui « d’amatrices ») qu’a été conçu le plus récent numéro de la revue Histoire Québec. Intitulé « La participation citoyenne en histoire et patrimoine », celui-ci en présente un premier survol.
Réalisé sous la direction de l’équipe du Laboratoire impliquée dans le projet de recherche « D’ “antiquaires” à agents mémoriels : sociétés historiques et associations de citoyens dans la valorisation du passé », soit MariFrance Charette, Martin Drouin et Alain Roy, le numéro s’ouvre sur deux contributions d’historiens réputés. Gérard Noiriel, grand historien français, se demande si l’histoire appartient seulement aux historiens professionnels, alors que Steven High, président de la Société historique du Canada, appelle à jeter des ponts au sein de la communauté historique.
Suivent les contributions des trois chercheurs du projet « D’ “antiquaires” à agents mémoriels ». Ceux-ci synthétisent les présentations faites lors du congrès de l’Institut d’histoire de l’Amérique française, qui s’est tenu en octobre 2021. Alain Roy, historien et cochercheur au LHPM, dresse une esquisse de l’évolution au Québec de l’histoire citoyenne. Martin Drouin, professeur au Département d’études urbaines de l’UQAM et membre du bureau de direction du Laboratoire, pose un regard sur les activités des organisations d’histoire et de patrimoine de Montréal. MariFrance Charette, directrice générale de la Fédération Histoire Québec et collaboratrice du LHPM, réfléchit quant à elle à l’usage collaboratif de Wikipédia par ces sociétés.
Ces articles sont suivis de deux études de cas : Alain Gelly, historien pour l’Agence Parcs Canada et cochercheur au Laboratoire, s’intéresse à l’apport passé des sociétés d’histoire dans la préservation du fort Chambly. Hélèna Delaunière, chargée de projet, propose ensuite un regard sur l’engagement communautaire en archéologie à Mashteuiatsh. Enfin, deux projets ferment le dossier : Martin Drouin et Richard Smith présentent un projet en sciences participatives qui, dans la foulée de celui sur les agents mémoriels, entend faire le point sur l’apport citoyen en histoire et patrimoine au Québec. En dernier lieu, l’historienne Lorraine O’Donnell fait état du chantier d’une histoire populaire du Québec d’expression anglaise.
Il est possible de se procurer ce numéro à partir de la boutique en ligne de la Fédération Histoire Québec. Bonne lecture!
Pour contacter l’équipe du projet, écrire à agentsmemoriels@gmail.com.