Des milliers de bénévoles sont engagés, au Québec et ailleurs, dans la connaissance, la diffusion, la défense, la préservation, l’animation et la mise en valeur de l’histoire et du patrimoine. Si le mouvement connaît un engouement qui s’affirme depuis les années 1960, il plonge ses racines au XIXe siècle. Pourtant, les recherches sur les diverses ramifications et manifestations du phénomène sont encore fragmentaires. C’est avec le désir de pallier ce manque que le projet D’ « antiquaires » à agents mémoriels : sociétés historiques et associations de citoyens dans la valorisation du passé a été créé en 2019 au Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal (LHPM) en collaboration avec la Fédération Histoire Québec (FHQ). Ce projet est piloté par une équipe composée de Martin Drouin, professeur au Département d’études urbaines de l’UQAM et membre de la direction scientifique du LHPM, Alain Roy, historien et cochercheur au Laboratoire, ainsi que MariFrance Charette, ancienne directrice de la FHQ et collaboratrice du LHPM.
Le colloque « La participation citoyenne en histoire et patrimoine. Évolutions, apports, enjeux et devenir » est l’une des activités menées par l’équipe. À cette occasion, le partenariat s’est élargi, bénéficiant de la collaboration du groupe de recherche Archipel de l’UQAR et du Laboratoire d’histoire et d’archéologie du Subarctique oriental (LHASO) de l’UQAC. L’objectif était de réunir différents publics (milieux universitaire et gouvernemental, organismes en histoire et patrimoine, citoyens et citoyennes) pour discuter de l’engagement en histoire et patrimoine. Près de 150 personnes se sont rassemblées, en présence et en ligne, du 12 au 14 octobre à Montréal et le 17 octobre à Québec.
Le 12 octobre 2023, Joanne Burgess, directrice du LHPM et professeure au Département d’histoire de l’UQAM, a présidé la séance inaugurale du colloque, qui se tenait à l’UQAM. Pour l’occasion, Gérard Noiriel, historien de réputation internationale, a partagé son expérience du monde associatif et de l’université française. L’exposé, intitulé « Comment conjuguer l’histoire citoyenne et l’histoire savante », était construit autour du dialogue entre l’histoire-mémoire et l’histoire-science. La présentation a réuni près de 130 personnes en présence et en visioconférence. Sa captation vidéo est désormais disponible pour visionnement sur la chaîne YouTube du LHPM.
Les échanges des 13 et 14 octobre se sont déroulés à la Maison du loisir et du sport, siège social d’un bon nombre de fédérations et d’organismes à vocation sportive et de loisir. Huit ateliers avaient pour objectif de jeter un regard d’ensemble sur la participation citoyenne en histoire et patrimoine. Les membres de l’équipe « Agents mémoriels » sont d’abord venus présenter leur projet de recherche et ses nombreuses ramifications à l’international, au Canada et au Québec. Ils ont rappelé leur effort pour s’intéresser à la participation citoyenne en examinant dans un même cadre les pratiques en histoire et en patrimoine. Ils ont également mentionné l’importance de revoir la participation citoyenne dite « amateur » à l’aune des sciences participatives, de comprendre et de montrer la diversité des apports de la participation citoyenne en histoire et patrimoine et, enfin, d’aborder la participation citoyenne en tant qu’agent de la vitalité mémorielle des communautés locales.
Plus d’une vingtaine de présentateurs se sont ensuite succédé. Ils ont témoigné des trajectoires et des apports de l’engagement citoyen vus par le milieu de la recherche, de l’évolution de la participation citoyenne en histoire et en patrimoine, de l’expertise innovante développée par les organismes locaux, des pratiques collaboratives déployées en archéologie ainsi que du projet Engagement mené en sciences participatives.
Plusieurs membres du LHPM ont contribué à ces échanges. Le 13 octobre, l’atelier Les pratiques d’engagement vues par le milieu de la recherche rassemblait Claudine Déom, professeure à l’École d’architecture de l’Université de Montréal et cochercheuse au Laboratoire, ainsi que Cassandra Smith, directrice générale de Patrimoine et Histoire Terrebonne et membre étudiante du LHPM. Cet atelier souhaitait explorer les pratiques d’engagement à travers le regard du milieu universitaire et se questionnait sur le développement d’une meilleure collaboration du milieu associatif à la recherche. À cet effet, Mme Déom a proposé la communication « Le patrimoine des groupes ethnoculturels de Montréal: le cas de Montréal-Nord ». Cassandra Smith s’est plutôt penchée sur « Les bulletins et les revues des sociétés d’histoire de Montréal, des témoins importants de la participation citoyenne et de l’évolution des pratiques en histoire ».
MariFrance Charette a assuré la présidence du panel suivant, intitulé L’évolution de la participation citoyenne en histoire et patrimoine. Ce dernier cherchait à mettre en lumière différentes incarnations de la participation citoyenne en histoire et patrimoine depuis le 19e siècle, cela dans le but d’en améliorer la compréhension. Mario Robert, président de la Société historique de Montréal et membre de la direction scientifique du LHPM, a ainsi abordé l’histoire de la Longue-Pointe par le biais de trois monographies paroissiales, publiées en 1924, 1974 et 1999. Alain Roy a quant à lui porté son regard vers « Les sociétés d’histoire et le mouvement régionaliste au Québec » entre 1920 et 1960.
Cette journée d’échanges s’est conclue par deux événements. Tout d’abord, les participants ont pu assister à une conférence offerte par un autre invité de marque. En effet, Thomas Cauvin, professeur à l’université du Luxembourg, est venu discuter d’histoire publique et des projets menés dans le cadre du projet Public History as the New Citizen Science of the Past (PHACS). La présentation fut suivie par le lancement, organisé par la FHQ, du dernier numéro de la revue Histoire Québec dédié aux loisirs culturels.
Le 14 octobre 2023, Jean Rey-Regazzi, directeur général de la FHQ et collaborateur du Laboratoire, a présidé le panel Faire le pont, pratiques collaboratives en histoire et patrimoine entre chercheurs et citoyens. L’objectif de cet atelier était de présenter diverses formes de pratique participative menées en collaboration entre le milieu universitaire, les associations historiques et les citoyens à partir de l’exemple de l’archéologie.
Pour leur part, Martin Drouin, Alain Roy et MariFrance Charette, cette fois-ci accompagnés de Marie-Pierre Cossette (Fonds de recherche du Québec), d’Andréanne Morin-Dupont (étudiante, UQAR) et de Richard Smith (FHQ), ont présenté la conférence « Comprendre l’action citoyenne en histoire et patrimoine à la lumière des sciences participatives: le projet Engagement ». Celle-ci faisait le point sur ce projet de recherche en sciences participatives consacré à l’apport citoyen à la mémoire québécoise, amorcé en 2022 et qui bénéficie d’une subvention octroyée dans le cadre du programme Engagement des Fonds de recherche du Québec.
Enfin, Martin Drouin et Alain Roy ont pris part à la table ronde « Quel avenir pour la participation citoyenne en histoire et patrimoine au Québec et ailleurs? ». À la lumière des discussions menées au cours du volet montréalais du colloque, cette table ronde effectuait un retour sur l’importance de l’engagement citoyen en histoire et patrimoine, tant au Québec qu’en France et au Luxembourg. Les participants ont également dressé un bilan de l’apport mutuel de la recherche et de l’action citoyenne en patrimoine, en plus d’envisager des pistes de réflexion pour l’avenir.
La dernière partie du colloque a eu lieu à Québec. Deux ateliers, dont les captations vidéo sont désormais disponibles en ligne, ont prolongé les débats. Le premier, intitulé Québec à la lumière de l’Appel d’Evora – l’engagement citoyen entre tourisme et patrimoine dans une ville du patrimoine mondial, était consacré à l’engagement citoyen dans la capitale de la province. Le second, La participation citoyenne en histoire et en patrimoine : créer du lien pour bâtir des communautés épanouies, présentait trois initiatives citoyennes pour bâtir des liens et favoriser le développement d’une société diversifiée.
Soulignons que des comptes rendus des différentes présentations seront disponibles bientôt. Une publication est prévue pour la prochaine année. Entretemps, il est possible de trouver davantage d’information sur la page du colloque. Pour être tenu au courant des réalisations et des activités de l’équipe d’Agents mémoriels ou participer à ses travaux, prière d’écrire à agentsmemoriels@gmail.com.