Le 9 juin 2023, les membres du LHPM se sont réunis au Pavillon Président-Kennedy de l’UQAM pour une journée entière d’échanges, renouant ainsi avec la tradition pré-pandémique. Mettant à l’avant-plan le dynamisme du LHPM et de son équipe, une quinzaine de chercheurs, de membres étudiants et de représentants des organismes partenaires ont présenté l’avancement de leurs projets. L’événement fut ponctué par trois grandes thématiques, soit Le LHPM numérique, Place à la relève et Acteurs locaux, histoire et commémoration.
Le LHPM numérique: état des lieux
En matinée, un état des lieux des projets liés aux humanités numériques et à la spatialité a été proposé au public. Jean-François Palomino, alors membre du bureau de direction du Laboratoire et désormais professeur au Département d’histoire de l’UQAM, et Camille Champagne-Tremblay, adjointe de recherche, ont donné le coup d’envoi en abordant la géolocalisation des images des albums de rues Massicotte. Ils ont souligné la grande valeur de ces sources, qui permettent d’observer l’expansion urbaine et la transformation rapide du territoire montréalais des années 1850 aux années 1920 à travers son architecture. Cette présentation fut l’occasion pour l’assistance de découvrir tout le chemin parcouru par ce projet: 3 000 images ont effectivement été géolocalisées par l’équipe de recherche!
Jean-François Palomino et Léon Robichaud, membre du bureau de direction et cochercheur au Laboratoire, ont enchaîné en abordant un tout nouveau chantier de recherche portant sur la toponymie à l’époque de la Nouvelle-France. Ce projet, prenant appui sur un corpus de toponymes français et autochtones jamais étudiés jusqu’à présent, entend observer la circulation des savoirs cartographiques au temps de la Nouvelle-France. Pour ce faire, les caractères toponymiques sont extraits des cartes anciennes et placés dans une base de données sur la plateforme Transkribus. Cette démarche permet aux chercheurs de se familiariser avec la géographie de l’époque.
La séance s’est poursuivie avec une autre présentation de MM. Palomino et Robichaud portant sur l’enrichissement de la carte index des plans d’assurance-incendie de Montréal. Les deux chercheurs ont insisté sur le travail accompli en annonçant que le géoréférencement de tous les volumes des Atlas de Charles Goad a été complété par Laura Barreto Palacio et Samuel Monat, respectivement agente et adjoint de recherche en systèmes d’information géographique-historique (SIG-H) au LHPM. Il est donc désormais possible de consulter les différentes planches directement dans les cartes-index.
Léon Robichaud et Louis-Henri Roberge, adjoint de recherche, ont poursuivi en soulignant les avancées réalisées dans le cadre du projet Montréal en 1725. Dans cette perspective, ils ont abordé l’ajout des identifiants des bâtiments, des jardins et des clôtures permettant une meilleure compréhension de l’espace urbain au 18e siècle. Ils ont également fait part de leur volonté de déposer une nouvelle application sur le site SCHEMA, qui comporterait les ajouts effectués et éventuellement les données cartographiques des années 1765 et 1805.
La deuxième séance de la journée fut consacrée à la Bibliographie sur l’histoire de Montréal. Kim Petit, coordonnatrice par intérim des projets numériques au LHPM et coordonnatrice du Centre d’histoire des régulations sociales, a discuté de la mise à jour du site Web de la Bibliographie. Elle a abordé les moyens et outils qui permettront d’assurer sa longévité, dont l’association entre le LHPM et le service des bibliothèques de l’UQAM, qui lui assurera une plus grande visibilité, de même que l’emploi du logiciel libre Kerko, qui pérennisera sa présence Web.
En après-midi, une troisième séance a abordé les enjeux associés à la valorisation de contenus numériques. Joanne Burgess, directrice du LHPM, y a présenté le webdocumentaire De la ferme à l’assiette, d’hier à aujourd’hui. En s’adressant surtout à un public d’âge scolaire, il vise à soutenir l’apprenant afin de lui permettre de développer ses connaissances sur l’histoire du Québec à partir des mutations de l’alimentation. Pour ce faire, l’élève suit le parcours de personnages évoluant dans trois grands secteurs alimentaires, soit le pain, le lait et les confitures. Cela lui permet d’en apprendre davantage sur le contexte de production de ces aliments, les acteurs de la chaîne d’approvisionnement et les réseaux de transports et de distribution, et ouvre des perspectives plus larges sur le passé québécois. Joanne Burgess a aussi abordé les séances d’expérimentation s’étant déroulées au printemps 2023 à l’Écomusée du fier monde. Celles-ci ont permis d’évaluer la clarté du webdocumentaire et sa structure interne en le confrontant à différents types de publics, tels que les amis du Musée ou encore les intervenants de différents organismes œuvrant dans le quartier Centre-Sud.
Place à la relève
La quatrième séance de la journée fut consacrée à la relève scientifique du Laboratoire. Les membres étudiants et boursiers du LHPM Sonia Blouin, Olivier Chiasson-Losier et Francis Lapointe ont tous les trois présenté leurs projets de recherche. Dans un premier temps, Sonia Blouin a retracé les origines de la danse orientale au Québec et ses transformations au fil du temps. Elle a également abordé plus précisément la méthodologie employée dans le cadre de sa thèse de doctorat intitulée La danse orientale au Québec de 1950 à 2020 : un exemple de transfert culturel qu’elle poursuit sous la direction de Léon Robichaud et de Louise Bienvenue (Université de Sherbrooke). Elle a ainsi présenté son corpus de sources constitué de journaux, d’affiches promotionnelles et d’entrevues semi-dirigées.
Sa présentation fut suivie par celle d’Olivier Chiasson-Losier, également dirigé par M. Robichaud, qui a fait état de l’avancement de ses recherches de niveau maîtrise. Son projet, La résolution des conflits à Montréal sous le régime français. Analyse spatiale du recours à la justice, entend étudier le recours à la justice selon une perspective spatiale entre 1740 et 1755. Grâce à cette méthode, l’étudiant sera en mesure de produire une cartographie identifiant les lieux associés à la criminalité.
Enfin, Francis Lapointe a abordé la fermeture du magasin Archambault de la rue Sainte-Catherine et ses liens historiques avec le commerce musical, sur lequel porte son mémoire de maîtrise. Celui-ci, réalisé sous la supervision de Joanne Burgess, s’intitule Entre commerce et culture : l’émergence d’un réseau de fabricants et de commerçants d’instruments de musique à Montréal, 1820-1850. Sa recherche s’intéresse aux acteurs et au fonctionnement de l’industrie musicale dans le Montréal préindustriel.
Acteurs locaux, histoire et commémoration
La dernière séance de la journée fut dédiée aux acteurs locaux, à l’histoire et à la commémoration. Mario Robert, président de la Société historique de Montréal et membre de la direction scientifique du LHPM, ainsi qu’Olivier Chiasson-Losier ont discuté du projet d’exposition Les Champenois en Nouvelle-France, qui se tiendra à Troyes (France) en 2025. Ce projet vise à mettre en lumière la vie quotidienne et les raisons motivant le départ des Champenois ayant immigré en Nouvelle-France, comme Maisonneuve, Jeanne Mance et Jean Talon. Leur travail les a amenés à monter un inventaire des œuvres qui pourront être exposées en France. Bien qu’il ne soit pas complet, cet inventaire compte pour le moment 2 000 entrées.
Cette séance s’est conclue par une présentation de Martin Drouin, membre du bureau de direction et cochercheur au Laboratoire, portant sur l’évolution du projet D’« antiquaires » à agents mémoriels : sociétés historiques et associations de citoyens dans la valorisation du passé. Le chercheur a mis à l’avant-plan la mise en place de groupes de travail dont l’objectif est de faire le pont entre les diverses associations citoyennes et sociétés historiques. Il a également annoncé la tenue du colloque La participation citoyenne en histoire et patrimoine : évolution, approche, enjeu et devenir, qui se déroulera du 12 au 14 octobre 2023 à Montréal ainsi que le 17 octobre 2023 à Québec. Cet événement, qui réunira des scientifiques et des citoyens, sera l’occasion d’échanger sur l’impact de la participation sociale et citoyenne sur la valorisation du passé.
La journée s’est terminée par un vin d’honneur lors duquel furent lancées officiellement deux applications portant sur le passé portuaire du canal de Lachine, développées dans le cadre d’un partenariat entre Parcs Canada et le LHPM. Grâce au travail remarquable effectué par l’équipe de recherche, dirigée par Joanne Burgess et Alain Gelly, historien à la Direction Histoire et commémoration de l’Agence Parcs Canada et cochercheur au Laboratoire, les applications Le passé portuaire du canal de Lachine et Le blé et la farine au canal de Lachine permettent de visualiser l’ampleur de l’évolution connue par ce secteur et ses entreprises pour cinq années charnières, soit 1880, 1890, 1913, 1950 et 1964. Ces outils sont désormais disponibles sur SCHEMA et le site Web de Parcs Canada sous les noms de Bassin Peel et L’industrie du blé et de la farine au canal de Lachine.
De plus, Joanne Burgess, a prononcé un discours afin de remercier les participants de leur présence et de rendre hommage à certains membres du Laboratoire. Le travail de Cassandra Smith à titre d’adjointe de recherche a été souligné alors qu’elle quitte son poste. De 2016 à 2023, elle a travaillé principalement à la mise à jour de la Bibliographie sur l’histoire de Montréal et de la Chronologie de Montréal. La remarquable contribution de Marcel Simoneau, directeur du Service aux collectivités de l’UQAM, au Bureau de direction du Laboratoire, au sein duquel il s’implique depuis 2015 et qu’il quitte, a également été mise de l’avant. Enfin, l’équipe a tenu à féliciter Paul-André Linteau, professeur émérite au Département d’histoire de l’UQAM et co-directeur du LHPM, pour l’obtention du prix Gérard-Parizeau 2023 (catégorie histoire) récompensant l’ensemble de sa carrière et l’impact de ses recherches sur l’histoire de Montréal.