Entretien avec Mélissa Harvey, stagiaire au Laboratoire à l’hiver 2021 !

Stagiaire au sein de l’équipe à l’hiver 2021, Mélissa Harvey s’intéresse à l’histoire des pratiques artisanales en arts décoratifs, à la conservation du patrimoine bâti, et plus particulièrement aux défis qu’apporte la conservation des intérieurs. D’abord formée en scénographie et en finition de meubles, elle a œuvré comme peintre scénique puis comme technicienne en produits de finition. Elle termine présentement son baccalauréat en histoire de l’art à l’UQAM, période durant laquelle elle a notamment été auxiliaire de recherche au Laboratoire numérique d’études sur l’histoire de l’art du Québec (LANÉHAQ). Ses connaissances pratiques et techniques nourrissent sa compréhension historique du métier de peintre décorateur.

Le stage crédité de Mélissa Harvey, réalisé dans le cadre de son programme de premier cycle, s’est déroulé en trois étapes. La première fut une période d’apprentissage durant laquelle elle s’est familiarisée aux applications et à la méthodologie des SIG grâce à la formation offerte par la géographe du LHPM, Juliette Giles, et aux lectures théoriques proposées par Joanne Burgess, directrice du Laboratoire et superviseure de stage. Elle a aussi participé au géoréférencement d’images des Albums de rues E.-Z. Massicotte dans la collection de BAnQ afin d’approfondir la méthodologie documentaire nécessaire à l’analyse spatiale de sujets historiques.

La seconde étape de son mandat visait l’application de ces apprentissages vers un corpus de localisations tiré du projet de recherche « Atelier d’artistes au Québec 1800-1980 : typologie, fonctions et représentations » et extrait de la base de données de l’Équipe de recherche en histoire de l’art au Québec (ÉRHAQ), projet chapeauté par Laurier Lacroix et Dominic Hardy, professeurs au Département d’histoire de l’art de l’UQAM. Cette étape comprenait une période de réflexion critique sur l’échantillon de données à choisir pour l’analyse selon le temps alloué, ainsi que sur le choix des sources numériques appropriées à sa géolocalisation.

L’ultime étape englobait la phase d’analyse spatiale permise par l’intégration des données dans l’application QGIS ainsi que par la cartographie de tendances ou de cas particuliers. Cela l’a entre autres menée à construire un document visuel, présenté à la direction du projet de recherche sur les ateliers d’artistes au Québec.

Suite à cette expérience, Mélissa envisage maintenant les SIG davantage pour leur potentiel d’analyse que pour la simple production de cartes thématiques. Ils sont un atout pour les chercheurs et chercheuses, car l’analyse spatiale suscite des questions qui peuvent ensuite être approfondies ou mises en image. Par exemple comment le bâti influence-t-il les fonctions qu’il héberge au fil du temps ? Ou comment faire apparaître le réseau de clients d’un artisan ? Les questions méthodologiques soulevées lors de la création de la table d’attributs nécessaire aux SIG peuvent ainsi aider à orienter la cueillette de données dès le départ et bonifier les réflexions au fil de la recherche. Enfin, l’étudiante a grandement apprécié la multidisciplinarité de ce type de recherche et la possibilité de faire des ponts entre les différents laboratoires qui intègrent les humanités numériques. Son expérience de stage en est un exemple fort probant !

Pour l’heure, ses intérêts de recherche visent à allier les possibilités offertes par les humanités numériques aux méthodes traditionnelles de la conservation du patrimoine bâti. Plus précisément, elle souhaite utiliser les SIG pour analyser et documenter les pratiques en arts décoratifs dont on conserve peu de traces. Enfin, Mélissa aspire à développer des outils de recherche et à participer à la diffusion de ce patrimoine architectural dans le futur.

Le Laboratoire est heureux de pouvoir contribuer à ces expériences de stage crédité qui s’avèrent des plus enrichissantes, tant pour les stagiaires que pour l’équipe, et tient à souligner le travail exemplaire de Mélissa !

Crédit photo : Mélissa Harvey