Deux articles de collaborateurs du LHPM dans le dernier numéro de la revue Histoire Québec

Avec son dernier numéro intitulé « Vêtement et identités – entre réalité et souvenir », la revue Histoire Québec s’intéresse à la valeur historique du costume au Québec et au lien entre vêtement et mémoire. Plusieurs contributions approfondissent comment, au-delà de l’aspect pratique, le vêtement alimente aussi l’expression de notre identité.

Collaboratrice du LHPM et conservatrice « Costume et textiles » au Musée McCord Stewart, Cynthia Cooper présente un texte fort intéressant intitulé « Un portrait des créateurs haut de gamme de Montréal en 1898 et en 1927 ». L’article explore l’univers de la mode haut de gamme à Montréal à travers deux événements marquants : le bal costumé de 1898 à Montréal et celui de 1927 à Québec. Ces bals, organisés par l’élite sociale, servaient à mettre en scène des personnages historiques dans des costumes richement conçus.

En analysant plusieurs costumes conservés au Musée McCord Stewart, Cooper dresse le portrait de créateurs et ateliers montréalais peu documentés jusque-là. On y découvre Kate Cunningham, couturière indépendante active de 1886 à 1903, réputée pour la confection sur mesure et ses voyages à Paris et New York, mais aussi l’atelier de couture pour hommes de Henry Morgan & Co., qui a réalisé de nombreux costumes pour le bal de 1898. Cooper nous fait aussi découvrir Florine Phaneuf, couturière de renom reconnue pour son engagement social et deux fois présidente de l’Association des femmes d’affaires.

Malgré la rareté des vêtements conservés, Cynthia Cooper souligne l’importance de ces artisans dans l’histoire culturelle montréalaise, ainsi que le rôle des bals costumés comme vitrine du savoir-faire local en haute couture. L’approche est à la fois historique, muséologique et stylistique, révélant le lien entre art vestimentaire et statut social.  

De son côté, Alain Roy, historien et collaborateur au LHPM, propose un article qui n’est pas en lien avec la thématique du dossier, mais qui touche à un axe de la programmation du LHPM, la participation citoyenne en histoire et patrimoine. En effet, avec « Un manifeste belge en faveur de l’engagement citoyen en histoire et patrimoine », Roy traite de la mobilisation des cercles d’histoire et d’archéologie francophones en Belgique pour une meilleure reconnaissance et un soutien institutionnel à leur engagement dans la préservation du patrimoine. Il s’intéresse notamment aux façons dont les sociétés d’histoire locales peuvent obtenir une reconnaissance et un soutien concret des pouvoirs publics, à la hauteur de leur contribution.  

L’article met bien en valeur le rôle des cercles d’histoire comme relais entre la mémoire locale et l’identité culturelle. Roy s’intéresse principalement au manifeste publié en 2024 par la Société archéologique de Namur, qui souligne l’importance des acteurs citoyens et qui appelle à un soutien concret. Ce plaidoyer, selon lui, s’inscrit dans une tendance plus large de valorisation des sciences participatives, où les initiatives citoyennes en histoire sont de plus en plus reconnues comme des contributions précieuses à la connaissance et au tissu culturel. Roy souligne enfin le parallèle implicite des cercles belges avec la situation québécoise.

Rappelons en terminant qu’Alain Roy codirige, avec Martin Drouin, membre du bureau de direction du LHPM et MariFrance Charrette, collaboratrice au LHPM, le projet Agents mémoriels, un engagement citoyen d’hier à aujourd’hui, qui s’intéresse aux transformations survenues dans les pratiques citoyennes de l’histoire depuis le XIXe siècle.

Bonne lecture!